Pour les habitants et usagers d’une ville hôte des Jeux, une chose est sûre : les Jeux sont toujours synonymes de grands travaux et de perturbations du quotidien. L’essor des chantiers liés au développement des infrastructures urbaines avant l’événement est une tendance récurrente. Au fil des dernières décennies, de nombreuses villes ont développé diverses infrastructures : arènes, stades, centres aquatiques, ainsi que des bâtiments destinés à différents usages (hôtels, gares, aéroports, etc.). Si, dans certains cas, ces infrastructures ont soulevé plusieurs questionnements sur leur utilité post-événement, il est indéniable que les infrastructures de transport et les services de mobilité créés ou améliorés pour ces événements d’envergures ont eu un impact positif durable.
En 2014, l’Agenda 2020 du Comité International Olympique (CIO) a soulevé la question des dépenses excessives liées à la construction d’installations permanentes. Cette initiative, jugée cruciale pour assurer la viabilité économique des Jeux, avait pour objectif d’épargner aux villes candidates des investissements excessifs et non anticipés dans des infrastructures dont la pérennité pouvait parfois être remise en question. Les villes devaient ainsi démontrer que leurs investissements s’inscrivaient dans leurs plans de développement à long terme, indépendamment de l’accueil des Jeux.
Si cette mesure a permis de renforcer et de pérenniser le mouvement des Jeux, elle n’a pas pour autant compromis les bénéfices à long terme pour les villes hôtes. Barcelone en est un exemple emblématique : son programme ambitieux de régénération urbaine a permis à la ville de se repositionner sur la scène internationale. La modernisation du centre-ville, du littoral et du port a donné un nouveau souffle à la ville, avec des transports publics accessibles, un aéroport modernisé, de nouvelles lignes de métro et d’autres équipements urbains, bénéficiant aussi bien aux résidents qu’aux touristes. Comme l’a affirmé l’ancien maire de Barcelone, Pasqual Maragall : « Ce ne sont pas les Jeux qui transforment la ville, mais la ville qui tire profit des Jeux. »
Les Jeux de Londres et de Rio ont également illustré cette approche. Londres a saisi l’opportunité pour transformer l’est de la ville avec la création du Queen Elizabeth Park, intégrant des services urbains et des logements. De son côté, Rio a misé sur une amélioration massive de son réseau de transport en commun, réduisant de moitié les temps de trajet pour les usagers, offrant un système fiable et sécurisé. Ce sont près de 75 % du budget public consacré aux Jeux qui a été investi dans les transports. À l’inverse, Londres a estimé que le Crossrail, bien que crucial pour l’agglomération, n’était pas indispensable pour les Jeux de 2012 et a reporté sa mise en service d’une décennie, évitant ainsi des perturbations supplémentaires
Paris 2024 : une opportunité maîtrisée
Dix ans après la mise en place de l’Agenda 2020, Paris a accueilli les derniers Jeux. En tant que ville la plus visitée au monde, quel bénéfice pouvait-elle en tirer ? Si l’impact semblait à première vue restreint, la métropole a su transformer cet événement en une véritable opportunité
L’un des investissements majeurs a été le Village des Athlètes, qui s’intègre dans un projet plus large de création de logements abordables et de réhabilitation d’une friche industrielle. La Ville de Paris a également profité de l’événement pour accélérer le développement du Grand Paris Express, un projet de modernisation du transport en commun à plusieurs milliards d’euros. Des stations clés, comme Saint-Denis Pleyel, ainsi que l’extension de la ligne 14, ont été livrées à temps pour l’événement, facilitant la connexion entre le Village des Athlètes, le Stade de France et l’aéroport d’Orly en seulement 20 minutes grâce à une nouvelle ligne automatique. Egis a été mandaté par Île-de-France Mobilités pour superviser la conception et la livraison de la station Saint-Denis Pleyel, ainsi que le déploiement des lignes 14, 15, 16, 17 et 18.
Mais ces infrastructures ne suffisaient pas à répondre aux besoins spécifiques des Jeux. L’événement a exigé la gestion de milliers de trajets supplémentaires par jour, avec des spectateurs et des médias nécessitant des navettes vers les sites olympiques, les centres de presse et les villages dédiés. Un réseau de transport temporaire a ainsi été mis en place, mobilisant plus de 1 000 bus supplémentaires. Pour gérer cette opération, des terminaux et dépôts de bus temporaires ont également été aménagés, notamment à Aulnay-sous-Bois, où un centre logistique et de maintenance a accueilli près de 900 bus.
Egis a joué un rôle clé dans l’évaluation des impacts sur le trafic, la simulation des flux et la gestion de ce centre temporaire, garantissant une mobilité fluide pendant toute la durée des Jeux.